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Blog officiel de Bernard de La Villardière
14 février 2011

Et pourtant il tourne... le monde !

 

Depuis début octobre 2010, j’enchaîne les reportages à travers le monde à un rythme particulièrement effréné. Je ne m’en plains pas car j’aime les contrastes et les rencontres inattendues. A Tokyo, j’ai conversé avec un robot avant de me heurter au mutisme des SD F plus honteux que révoltés. A Manille, j’ai rencontré les enfants des rues à la merci de la violence des adultes avant d’aller assister à des combats de coqs. J’ai fait un stop à Séoul, pour aller narguer à la frontière avec la Corée du Nord, les kapos du dernier Jurassic Park du communisme. Sur les pistes en latérite des hauts plateaux kényans, j’ai cru percer le mystère de la foulée qui produit les meilleurs marathoniens du monde. A Kribi, au sud du Cameroun, j’ai rencontré les pécheurs excédés par les pillages sous-marins perpétrés par les chalutiers chinois. En novembre, à Ciudad Juarez, cette ville mexicaine devenue la plus dangereuse du monde, j’ai suivi timidement sur les scènes de crime une jeune et courageuse photographe de 27 ans dont un confrère venait d’être assassiné. A Churchill, dans le grand Nord canadien, j’ai libéré un ours retenu en prison pendant plus d‘un mois sans manger. Drogué et placé dans un filet, il a été emporté loin sur la banquise, suspendu à un hélicoptère. Après les -30 degrés de la Baie d’Hudson je suis passé d’une traite aux + 30 degrés du chaudron de Buenos-Aires et son prestigieux tournoi de polo.

Mes enfants –que j’aperçois entre deux avions– me regardent avec un sourire inquiet. Va-t-il tenir le coup ? Est-ce bien raisonnable à son âge ? Que cherche-il encore à prouver et à se prouver ?

Il se trouve que j’ai emporté dans mes bagages « Les poneys sauvages » de Michel Déon que je relis pour la cinquième fois. Une histoire croisée d’amour et d’amitiés qui dit les combats mais aussi le désarroi d’une génération après la deuxième Guerre Mondiale. Une histoire d’avant

Internet dans laquelle les amis s’écrivent pour se dire des choses essentielles sur les choses de la vie. Et l’un d’eux rabroue ainsi son vieux copain journaliste qui a la bougeotte : « Qu’avez-vous besoin de vous promener partout dans le monde pour vous assurer de ce que vous savez déjà depuis toujours : que les hommes sont bêtes et méchants, et que c’est pour cela que Dieu n’a pas voulu qu’ils fussent immortels ». Pas sûr que ce soit l’opinion de l’écrivain lui-même, toujours bon pied bon œil à 90 ans. Et grand voyageur entre l’Irlande et la Grèce, ses deux amours. A 15 ans, je m’imaginais à 40 ans, retiré dans une tour d’Ivoire, le corps et l’âme couverts de cicatrices après avoir trempé ma plume dans les plaies du monde. A 52 ans, j’ai parfois la tentation de vivre de souvenirs et de romans qui ne retiendraient que le sel de l’existence. Mais il me reste encore tant de choses à voir, d’êtres exceptionnels à rencontrer, pour vérifier que le monde ne tient que par le courage et le dévouement de quelques uns !

 

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